Ukraine: Débuts risqués pour l’ère Zelensky

La convocation d’un sommet en «format Normandie» aura lieu à Paris le 9 décembre 2019. Nul ne saurait en préjuger les résultats, mais il apparaît comme l’unique clé d’un possible déblocage du conflit ukrainien

Six mois après son élection surprise à la tête de l’Ukraine, qu’en est-il aujourd’hui de Volodymyr Zelensky ? Quelle politique, quelles nouvelles lignes de front tant au plan interne et national, qu’au plan externe et international? Quelles relations avec l’Union, la Russie et les Etats-Unis et quel avenir pour l’Ukraine à quelques jours du sommet en «format Normandie» du 9 décembre prochain?

Malgré des contestations ponctuelles sans lendemain, le déroulement globalement sans heurts majeurs du premier tour de l’élection présidentielle, le 31 mars 2019, avait confirmé à la fois la volonté de l’électorat de consolider le système démocratique toujours fragile de l’Ukraine, tout en remettant en cause les orientations et les options fondamentales, de plus en plus teintées de nationalisme, prises durant la mandature de Petro Porochenko. Accusant une participation inespérée de 62,86%, les scrutin opposait 39 candidats, mais 4 d’entre eux seulement obtenaient plus de 10%: Yulia Tymochenko, l’égérie de la Révolution orange de 2004, et Yuri Boïko, candidat pro-russe, obtenaient respectivement 13,40% et 11,67% des suffrages, et arrivaient ainsi en 3ème et 4ème position, ratant du même coup la marche du 2ème tour. Mais le grand vainqueur de la consultation était sans contestation possible l’improbable auteur-acteur de la série télévisée «Serviteur du peuple» Volodymyr Zelensky, qui, avec 30,24% des suffrages, devançait sèchement le Président sortant Petro Porochenko, lequel devait se contenter du score bien maigre de 15,95% des voix. Yulia Tymochenko, ainsi bien sûr que Yuro Boïko, ne reportant ses voix sur aucun des deux candidats restant en lice, le second tour de la présidentielle du 21 avril 2019 apparaissait donc particulièrement ouvert, compte tenu du nombre de candidats et de la fragmentation extrême des votes du premier tour. Petro Porochenko faisait figure de champion du système politique et économique issu de Maïdan, en 2014, pro-européen, pro-occidental et anti-russe, mais vite rattrapé par la prévarication, la corruption et les scandales judiciaires à répétition. Volodymyr Zelensky, au contraire, âgé de 41 ans, faisait preuve d’une insolente virginité politique, n’ayant aucune expérience en la matière, et prônait la remise en cause radicale du système politique, miné par les privatisations à la découpe de l’ancien domaine d’Etat au profit des oligarques et la corruption après l’indépendance de 1991.

Promesses électorales

Tout en se déclarant lui aussi pro-européen et pro-occidental (professions de foi en faveur de l’adhésion future de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN), il se prononçait pour la désescalade du conflit armé dans le Donbass avec les séparatistes soutenus par Moscou, et affichait sa volonté de promouvoir un rapprochement et un compromis de bon voisinage avec la Russie. Lui-même russophone, il promettait de lever le pied sur l’«ukrainisation» linguistique à marche forcée mise en place par son prédécesseur. La réactivation des Accords de Minsk 2, signés en 2015 dans le cadre du «Format Normandie», associant l’Ukraine, la Russie, la France et l’Allemagne, mais restés lettre morte, faisait ainsi office d’objectif prioritaire, y compris la mise en place d’une véritable régionalisation en Ukraine, supposant un statut d’autonomie spécial des provinces séparatistes du Donbass, sous condition de la récupération totale de la souveraineté de Kiev sur le Donbass et, – défi encore moins réaliste – , de la Crimée perdue dès mars 2014. Au plan interne, il promettait de renouveler de fond en comble le personnel politique, préférant intervenir par le biais des réseaux sociaux plutôt que de conduire une campagne électorale classique de meetings et de réunions, dont il n’avait de toute façon guère les moyens, n’étant pas soutenu par un parti constitué. C’est sur ces bases, aussi péremptoires quant aux grands objectifs, qu’imprécises et floues quant aux méthodes et moyens pour y parvenir, qu’il allait déclencher un véritable raz-de-marée électoral lors du second tour du 21 avril 2019.

Lire également Poker Menteur en Ukraine

 

Plébiscite en faveur du «Serviteur du Peuple»

A l’issue d’une campagne électorale aussi brève que médiocre, le scrutin décisif du 21 avril 2019 se caractérise d’abord par un taux de participation honorable (61,52%), proche de celui du premier tour. Le score-record enregistré par le vainqueur anti-système, Volodymyr Zelensky, donne la mesure du rejet par la population ukrainienne du régime instauré à la suite des événements dramatiques de 2013-2014. Avec 73,22% des suffrages, Volodymyr Zelensky bat à plates coutures le Président sortant Petro Porochenko, qui ne parvient à rassembler sur son nom et sa formation «Solidarité» qu’un maigre quart des électeurs (24,45%). Comme le premier tour du 31 mars, le second s’est déroulé dans des conditions globalement satisfaisantes, mais en l’absence notable, et pour cause, des électeurs du Donbass séparatiste, de la Crimée, et des électeurs ukrainiens installés en Russie. Ne soulevant pas de contestations autres que ponctuelles, ce scrutin légitime ainsi pleinement le plébiscite en faveur du Président-comédien et de sa formation improvisée au cours des dernières semaines, qui porte symboliquement le même nom que la série télévisée de son leader: «Serviteur du peuple».

Surfer sur la vague «dégagiste»

Le premier défi majeur qui se présente au nouveau Président est posé par le Parlement (la «Rada») élu en 2014, où Pedro Porochenko pouvait compter sur une majorité de soutien. Dans celui-ci, Volodymyr Zelensky ne dispose – et pour cause – d’aucune majorité, et il est exposé à son pouvoir de résistance et de nuisance, le régime ukrainien étant un régime parlementaire. Il comprend très vite qu’il a intérêt à surfer sur la vague «dégagiste» qui l’a porté au sommet de l’Etat, et à provoquer des élections législatives anticipées, sans attendre l’échéance institutionnelle du 27 octobre, car, sans une Rada à sa main, il ne peut constituer un gouvernement, ni faire face aux défis et échéances impliqués par sa victoire triomphale à la présidentielle du 21 avril. La date choisie pour la tenue des élections législatives anticipées est le 21 juillet 2019, ce qui laisse peu de temps pour une campagne efficace, mais permettrait au Président de constituer son gouvernement encore avant la pause d’été. Mais pour cela, il va devoir construire de toutes pièces son propre parti, qu’il persiste à dénommer «Serviteur du peuple», et remporter les législatives, ce qui s’annonce délicat, compte tenu des intérêts bousculés et des résistances persistantes tant au sein du Parlement sortant que dans l’opinion publique, qui s’éveille difficilement de la léthargie et de l’apparente résignation des derniers mois de l’ère Porochenko.

Et la pression est d’autant plus forte, qu’il faut dans le même temps exister au plan international, car là aussi, les expectatives le disputent aux incertitudes et au scepticisme. Alors que, dans un premier temps, Vladimir Poutine se montre très réservé sur les possibilités d’un changement radical dans les relations russo-ukrainiennes, les Occidentaux adoptent d’emblée une attitude positive d’encouragement à l’égard du nouveau Président, comptant sur lui au contraire pour faire bouger les lignes dans le Donbass. Il n’est dès lors pas surprenant que le premier déplacement officiel bilatéral de Volodymyr Zelensky (suite à sa visite, fin mai, à Bruxelles, auprès de l’UE et de l’OTAN) le conduise à Paris et à Berlin, les 17 et 18 juin 2019, les deux piliers occidentaux du «Format Normandie», qui encadre les Accords de Minsk I et II de 2014 et 2015, mais entré en léthargie depuis 2016. Dans les deux capitales, le Président ukrainien reçoit un accueil chaleureux et prometteur.

Recomposition politique et élections législatives anticipées

Mais à Kiev, il importe d’abord de donner d’urgence une traduction parlementaire à la vague «dégagiste» de la présidentielle, car, sans elle, le Président élu doit faire face à une Rada encore dominée par les partisans de l’ex-Président Porochenko et sa formation «Solidarité». La «Verkhovna Rada» est composée de 450 députés élus pour 5 ans. La moitié d’entre eux (225) sont élus au scrutin uninominal à un tour dans les 225 circonscriptions prévues à cet effet (moins les circonscriptions du Donbass séparatiste et de la Crimée, soit 199). Le reste (225) est élu au scrutin de liste proportionnel dans une circonscription nationale unique, avec un seuil de 5%. Le nouveau Président, qui souhaitait un système de proportionnelle intégrale a dû y renoncer dans son bras de fer avec le Parlement sortant, qu’il dissout le jour de son investiture officielle, le 20 mai 2019.

Des élections législatives anticipées sont convoquées pour le 21 juillet 2019. Elles opposent la formation nouvellement créée autour du Président «Serviteur du peuple», emmenée par Dmytro Razoumkov, à la «Plateforme d’opposition – Pour la vie» de Yuri Boïko (héritière lointaine de l’ancien «Parti des régions» de Viktor Ianukovitch), et à l’Union panukrainienne «Patrie» de Yulia Tymochenko. Le résultat est sans appel: «Serviteur du peuple» l’emporte largement avec 43,16% des voix et 254 sièges sur 424, assurant la majorité absolue aux seuls partisans du nouveau Président, qui va pouvoir dès lors constituer un gouvernement à sa main. «Plateforme d’opposition – Pour la vie» s’adjuge 13,05% des voix et 43 sièges; l’Union panukrainienne «Patrie» recueille 8,18% des voix et 26 sièges; «Solidarité européenne», de Petro Porochenko, doit se contenter de 8,10% des suffrages et 25 sièges, ce qui confirme et prolonge le rejet manifesté lors de la présidentielle. Volodymyr Zelensky dispose donc désormais des conditions institutionnelles nécessaires à la mise en œuvre de son programme, même si se sont posés et se posent encore de redoutables problèmes de recrutement pour la constitution du gouvernement. La Rada, pour sa part, a vu l’arrivée sur ses bancs d’une nouvelle génération politique composée de bric et de broc par des proches et des soutiens de fraîche date, le plus souvent dépourvus d’une expérience politique préalable. C’est, en bonne logique, Dmytro Razoumkov, qui devient Président de la Rada le 29 août 2019.

L’éradication de la corruption pour objectif prioritaire

Premier défi majeur de l’ère Zelensky, l’éradication de la corruption: Volodymyr Zelensky, en s’appuyant sur les réseaux sociaux et la génération 2.0 se propose avant tout de débarrasser l’Ukraine de la classe politique corrompue qui l’a dirigée et exploitée à son profit depuis l’indépendance. C’est maintenant chose faite au niveau du Parlement. Il faut compléter le dispositif par la composition du gouvernement; c’est ainsi qu’il fait nommer comme Premier ministre, le 29 août 2019, Oleksy Gontcharouk, un juriste libéral de 35 ans, entré en politique au moment de la présidentielle, et qui faisait partie depuis lors de son équipe rapprochée de conseillers. Entre au gouvernement comme ministre des Affaires étrangères Vadym Pristaïko, un diplomate de carrière reconnue et engagé en faveur de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et à l’Union européenne. Andrei Zagorodniouk, un ancien conseiller à la défense, se voit confier le ministère de la Défense. Deux anciens ministres de l’ère Porochenko seulement retrouvent leur portefeuille, pour leur compétence et leur connaissance des dossiers sensibles et/ou stratégiques: Oksana Marcarova aux Finances et Arsen Avakov à l’Intérieur. Mais une action efficace contre la corruption va bien au-delà des seules décisions de personnes; elle implique en particulier une profonde restructuration de la justice et la fin de l’impunité qui a caractérisé la période précédente. Or, sur ce terrain crucial, le Président lui-même est soupçonné par ses opposants d’avoir entretenu, et, peut-être, d’entretenir encore des relations suspectes avec un oligarque sulfureux: Igor Kolomoïsky, le propriétaire de la chaine de télévision qui diffusait la série télévisée de «Serviteur du peuple», et ennemi juré de Petro Porochenko.

Redressement économique et élimination de la pauvreté

Second défi, le redressement économique et l’élimination de la pauvreté. Pour l’essentiel, le programme économique de Volodymyr Zelensky repose sur deux piliers complémentaires: la lutte contre la corruption, et la récupération de la souveraineté ukrainienne sur les provinces séparatistes du Donbass, qui restent, après cinq ans de guerre et 13.000 morts, un puissant gisement minier et industriel pour le pays. Petro Porochenko était parvenu à amorcer un redressement de l’économie ukrainienne, en partie en s’appuyant sur le FMI et l’Union européenne. A la récession des années 2014 et 2015 (- 7% et – 9,8% du PIB), a succédé un redressement, certes encore limité et fragile: croissance positive de 2,4%, 2,5% et 3,3%, respectivement en 2016, 2017 et 2018. Pour poursuivre et prolonger cette trajectoire, Volodomyr Zelensky devra, comme il l’a réaffirmé avec force pendant la campagne présidentielle, intensifier sa coopération avec le FMI et l’UE. En décembre 2018, le FMI accordait à l’Ukraine un programme d’aide financière de $3,9 milliards, venant s’ajouter aux $17 milliards déjà accordés et largement déboursés pour la période 2014-2019; le 14 septembre 2018, une allocation d’$1 milliard vient compléter le dispositif, et un autre prêt est en négociation depuis la mi-2019. La signature, en 2014, de l’Accord d’Association avec l’Union européenne, entré en vigueur le 1er septembre 2017, et accompagné d’un paquet financier de €11 milliards pour la période 2014-2020, a redonné du souffle aux échanges avec l’Europe, notamment avec l’Allemagne, la Pologne et l’Italie. Pour autant, l’Ukraine reste (avec la Moldavie) l’Etat le plus pauvre d’Europe, affecté par une forte émigration économique: 3,5 millions de personnes depuis 2014, dont 2 millions installées dans la seule Pologne. Quant à la réintégration des gisements miniers et industriels du Donbass, elle suppose qu’un accord politique puisse être trouvé avec la Russie. Or, celui-ci paraît encore bien éloigné, puisque la réunion d’un sommet en «Format Normandie» n’est toujours pas fixée à la mi-novembre 2019, et qu’elle dépend de la persuasion dont pourra faire preuve Volodymyr Zelensky vis-à-vis de Moscou sur un éventuel futur statut «spécial» des oblasts séparatistes du Donbass au sein de l’Etat ukrainien, condition préalable maintes fois revendiquée par Vladimir Poutine.

Souveraineté et bras de fer Ukraine-Russie

Troisième défi, la récupération de la souveraineté et le bras de fer Ukraine-Russie. Pendant et après les campagnes électorales de 2019, Volodymyr Zelensky a multiplié les déclarations apaisantes concernant le futur des provinces séparatistes du Donbass, alors que la campagne de son principal adversaire Petro Porochenko avait été au contraire caractérisée par une coloration nettement nationaliste et peu conciliante sur ce dossier douloureux et sur l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Des incidents graves étaient survenus fin 2018, en particulier l’arrestation en novembre de 24 marins ukrainiens dans le détroit de Kertch, la Crimée étant désormais totalement sous contrôle russe et reliée directement à la Russie par le pont de Crimée, de 18 km de long, inauguré à grand bruit par Vladimir Poutine le 15 mai 2018. Ayant axé sa politique intérieure et extérieure sur la pacification et la récupération des provinces séparatistes du Donbass et la fin de la guerre, Volodymyr Zelensky a multiplié depuis son élection les déclarations conciliantes et les gestes pour pouvoir engager un véritable dialogue avec Moscou, alors que Vladimir Poutine s’était montré beaucoup moins empressé à le féliciter pour sa brillante élection que les partenaires occidentaux de l’Ukraine. Sans que ce dialogue ne soit encore vraiment engagé, de premières avancées ont eu lieu en cet automne 2019. Le 7 septembre a eu lieu un premier échange spectaculaires de 35 prisonniers de chaque côté, dont les 24 marins du détroit de Kertch et le réalisateur Oleg Sentsov du côté ukrainien. Ce premier pas a été jugé très encourageant par les deux partenaires ainsi que par les principaux dirigeants occidentaux. Il devrait être suivi d’autres opérations de cette nature au cours des mois à venir.

Guerre larvée dans les provinces de Donetsk et Louhansk

Mais la grosse pomme de discorde entre l’Ukraine et la Russie reste la guerre larvée qui ronge les provinces de Donetsk et Louhansk depuis 2014. Un accord de cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine est certes signé entre les parties en cause le 17 juillet 2019, qui entre en vigueur le 21 juillet 2019, mais il ne tiendra pas plus que les précédentes tentatives et sera violé à de multiples reprises dans les semaines qui suivent. Faisant encore un pas en avant, le Président Zelensky annonce le 1er octobre 2019 la conclusion d’un accord sur la tenue d’élections libres dans les territoires contrôlés par les séparatistes, ouvrant ainsi un peu plus la voie à un éventuel sommet du «format Normandie», qui encadre, avec le «groupe de contact de Minsk», depuis 2014, les préparatifs d’un retour de la paix en Ukraine, mais qui ne s’est plus réuni, faute de grain à moudre, depuis 2016. Par ce geste, l’Ukraine reprend à son compte la «formule Steinmeier» lancée par le ministre allemand des affaires étrangères de l’époque, à Paris, le 2 octobre 2015. Cette formule prévoit la tenue d’élections locales libres dans les républiques séparatistes du Donbass et l’entrée en vigueur simultanée d’un statut spécial temporaire de ces territoires (exigence constante de Moscou), qui reste à définir. En échange, l’Ukraine pourrait recouvrer le contrôle actuellement perdu de sa frontière orientale avec la Russie. Mais ces négociations piétinent encore, d’autant qu’à Kiev la grogne monte: le 6 octobre 2019, est organisée une manifestation nationaliste de 10.000 personnes, parmi lesquelles figure Petro Porochenko, pour dénoncer la «formule Steinmeier», et qualifier le Président élu de «capitulard» face à l’intransigeance inaltérable de Moscou. Le 9 novembre 2019, les troupes ukrainiennes ont entamé leur retrait de la ligne de front près de Donetsk, imitées en cela par les troupes séparatistes; un retrait certes limité, mais jugé indispensable par le Kremlin pour donner son feu vert à la convocation d’un sommet en «format Normandie». Celui-ci aura lieu à Paris le 9 décembre 2019. Nul ne saurait en préjuger les résultats, alors qu’il apparaît comme l’unique clé d’un possible déblocage du conflit ukrainien, et que l’Europe (la France et l’Allemagne surtout) donnent des signes de leur volonté de rapprochement avec Moscou, à un moment où l’OTAN traverse une crise morale sérieuse en liaison avec les derniers événements de Syrie.

L’affaire Trump en second rideau

Le contexte devient encore un peu plus inextricable avec la série de révélations, aux Etats-Unis, relatives à un entretien téléphonique intervenu le 25 juillet 2019 entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, au cours duquel le premier aurait exercé un chantage sur le second, conditionnant une aide militaire de $400 millions promise à l’Ukraine à une enquête sur les présumés agissements dans le pays du fils de Joe Biden, l’adversaire démocrate de Donald Trump aux élections de l’année prochaine. Donnant, donnant….Si ce scandale n’est guère surprenant, eu égard aux méthodes diplomatiques atypiques du dirigeant américain, le Président ukrainien y apparaît sous un jour humiliant, et prête le flanc à des accusations de suivisme et de soumission qui n’ont pas tardé à se manifester dans les rangs de l’opposition nationaliste ukrainienne.

Georges Estievenart est Chercheur Associé à l’IPSE / Photo: President of Ukrainedomaine public

© EuTalk / www.eutalk.eu – ISSN 2116-1917 / Les propos exprimés par l'intervenant sont l'expression d'une réflexion personnelle. Ils n’engagent que leur auteur, et en aucun cas l’institution à laquelle il appartient ou qui l'accueille.