«J’entends le discours le plus affligeant, le plus alarmant, le plus scandaleux depuis que je suis membre de ce Parlement» a réagi jeudi 26 avril le député européen Vert Jan Philip Albrecht, en réponse aux propos tenus par le ministre des affaires étrangère et du commerce hongrois Péter Szijjártó, lors de l’audition de ce dernier devant la commission parlementaire libertés civiles, justice et affaires intérieures (LIBE).
Au cœur de l’affaire, un échange rapidement devenu vif entre le représentant du gouvernement de Victor Orban et les membres de la commission LIBE, autour du rapport sur la situation des libertés en Hongrie rédigée par l’élue néerlandaise Judith Sargentini à la demande du Parlement de Strasbourg.
Face aux inquiétudes soulevées par les élus européens quant à l’autoritarisme grandissant de l’exécutif hongrois envers les médias, la justice ou encore le secteur des ONG, Péter Szijjártó a ainsi déclaré : «Vous voulez protéger mon pays de je-ne-sais-quoi, mais vous ne pouvez pas remettre en question les décisions du peuple!» – celui-ci allant jusqu’à qualifier les conclusions du rapport de «mensonges». Une attaque à laquelle Judith Sargentini a cette fois répondu en soulignant que «si vous voulez être constructif, vous ne pouvez pas qualifier un rapporteur parlementaire de menteur».
Tout autant sensible, la question du refus du gouvernement d’Orban d’accepter le principe de solidarité pour l’accueil de réfugiés a encore davantage envenimé les échanges. «Nous continuerons à protéger nos frontières, à dire non aux quotas obligatoires [pour l’accueil de réfugiés] et à ceux qui affirment qu’une société multiculturelle à plus de valeur qu’une société homogène», a répliqué répliquait Szijjártó, avant d’ajouter: «J’ai une mauvaise nouvelle pour vous: nous ne permettrons pas la mise en œuvre de la politique prônée par [George] Soros. Nous voulons protéger l’histoire et la culture européennes».
Suite à ces discussions, il appartiendra au Parlement européen de s’exprimer sur le rapport Sargentini en juin, en commission LIBE, puis en plénière en septembre. En cas de vote favorable, une procédure de déclenchement de l’article 7 du Traité sur l’UE (TUE) contre la Hongrie pourrait être déclenchée. Une perspective à tout le moins très incertaine – la Pologne a déjà fait savoir qu’elle s’y opposerait – l’unanimité des 27 étant nécessaire pour «constater l’existence d’une violation grave et persistante par un État membre des valeurs» de l’Union et d’engager, dans un second temps et à la majorité qualifiée, la suspension de «certains des droits découlant de l’application des traités à l’État membre en question, y compris les droits de vote du représentant du gouvernement de cet État membre au sein du Conseil».