Le 10ème Prix Vaclav Havel pour les droits de l’homme, qui récompense des actions exceptionnelles de la société civile en faveur des droits humains, a été décerné ce midi à Vladimir Kara-Murza, leader de l’opposition russe actuellement en prison. Le Prix a été remis lors d’une cérémonie spéciale organisée à l’ouverture de la session plénière d’automne de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), à Strasbourg.
Homme politique, écrivain et historien russe, Vladimir Kara-Murza est l’un des leaders de l’opposition dans la Fédération de Russie, critique constant du gouvernement russe, et co-fondateur du Comité anti-guerre russe créé pour s’opposer à l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Vladimir Kara-Murza, qui a fait l’objet de deux tentatives d’empoisonnement, a été arrêté et emprisonné en avril 2022 et a été accusé de trahison, ainsi que d’autres chefs d’accusation, ce qui pourrait le maintenir derrière les barreaux pendant de nombreuses années.
Dans une déclaration qu’elle a lu à Strasbourg alors qu’elle acceptait le prix au nom de son époux, Yevgeniya Kara-Murza, a déclaré qu’elle ne pouvait être plus fière de son mari. «J’ai épousé un homme intègre il y a 20 ans. Aujourd’hui, il est accusé de haute trahison pour les valeurs qu’il défend et risque une peine de plus de 20 ans». Considéré comme traitre et agent de l’étranger, son épouse a souligné qu’alors que la Russie frappait à nouveau massivement l’Ukraine ce matin, elle ne «pouvait être plus fier de lui»: «Si le pilier essentiel du système en Russie repose sur le mensonge», a-t-elle paraphrasé Vaclav Havel, «son pire ennemi est la vérité». Et «Poutine a lancé un guerre contre l’Ukraine mais aussi un combat contre la vérité», au travers d’une «censure quasi-totale» des médias et la promulgation de «nouvelles lois contre l’information». «Comme en URSS on a emprisonné des milliers de dissidents dans la Russie de Poutine. Dire la vérité y est considéré comme un crime contre l’Etat».
En remettant le prix, le Président de l’APCE, Tiny Kox, qui a présidé le jury, a quant à lui relevé que «malgré les risques, Vladimir Kara-Murza a eu le courage de retourner dans son pays pour poursuivre son combat, alors même qu’il aurait eu la possibilité de rester en sécurité. […] Il faut un courage incroyable dans la Russie d’aujourd’hui pour s’opposer au pouvoir en place. Aujourd’hui, M. Kara-Murza fait preuve de ce courage, depuis sa cellule de prison.»
Doté de 60.000 euros, ce prix alimentera en partie un fonds spécial à destination des familles des prisonniers politiques. Avec, pour espoir, à terme, de voir celui-ci contribuer à la mise en place d’une «Russie pacifique, démocratique et sans Poutine» a conclu, par l’entremise de son épouse, Vladimir Kara-Murza.