«Je suis contre toute extension qui ne serait pas fondée sur un avis clair de la Chambre des communes en faveur de quelque chose». Négociateur pour le Parlement européen sur le Brexit et chef de file du groupe libéral ALDE, Guy Verhofstadt ne décolérait pas mercredi, dans l’hémicycle parlementaire strasbourgeois. « Mettez-vous d’accord à Londres, s’il vous plait. Cette incertitude ne peut pas continuer pour nous, pour le Royaume-Uni et pour nos citoyens!». «Quel désastre! Une génération entière en souffrira», déplorait pour sa part Manfred Weber (PPE, DE). «L’Union ne peut pas sauver la Grande-Bretagne; c’est à elle de décider. L’extension n’est pas une option si l’Union ne peut pas obtenir de clarification du côté britannique». Tout autant las, Michel Barnier, le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, s’alignait sur la position des deux parlementaires: «Trouver la solution était du ressort du Royaume-Uni». A ce stade, l’accord de retrait «est et demeure le seul traité disponible. Le risque d’une absence d’accord n’a jamais été aussi élevé. Je vous exhorte, s’il vous plait, à ne pas sous-estimer ce risque et ses conséquences».
A l’opposé de l’échiquier politique, l’humeur n’était guère meilleure. Hans-Olaf Henkel (ECR, DE) avouait en être au stade qu’aucune autre solution n’était aujourd’hui souhaitable que «de garder le Royaume-Uni dans l’Union. Le Brexit est non seulement un désastre pour le Royaume-Uni, mais aussi pour l’Union». Un scénario dont Nigel Farage (EFDD, UK), l’un des principaux artisans de la campagne du Leave, ne veut aucunement entendre parler, pas plus que d’un report de la date de sortie du Royaume-Uni: «J’espère qu’il s’agit de mon avant-dernier discours et que je ne reviendrai pas en juillet! Et celui-ci de prévenir: «La Chambre des communes fera tout son possible pour trahir le vote sur le Brexit. La solution simple est que la demande britannique d’extension soit rejetée». Gerard Batten (ENL, UK) enfonçait le clou: «Le projet de Theresa May consiste à retarder le Brexit et finalement à l’annuler. Le gouvernement britannique et le Parlement tentent de trahir la volonté du peuple. S’il vous plait, virez-nous le 29 mars».
Entre attente de positionnement clair interne à la scène politique britannique et déresponsabilisation politique sur Bruxelles et Strasbourg, aucune issue constructive ne semblait finalement envisageable à un Brexit qui semble de plus en plus prendre des allures de Brextinct pour reprendre la Une du Sun du 14 janvier dernier. A moins, et le scenario demeure de moins en moins improbable, que la position socialiste déjà envisagée par le leader travailliste Jeremy Corbyn et reprise hier par la Une n’apparaissait désormais plus satisfaisante à cette heure. A moins qu’une troisième voie, déjà envisagée par le leader travailliste Jeremy Corbyn et reprise hier par le président du groupe S&D Udo Bullmann, finisse par être choisie: celle de «permettre au peuple (britannique) de décider à nouveau, car leur avenir est en jeu, pas celui des députés!».