«Démarche politique hasardeuse», pour le président de la République tchèque, Milos Zeman, la place sur laquelle se trouve l’ambassade de Russie à Prague a été rebaptisée hier du nom de Boris Nemtsov, ancien ministre et opposant de Vladimir Poutine, assassiné dans la nuit du 27 au 28 février 2015 à deux pas du Kremlin, sur le pont Bolchoï Moskvoretsky. Hasardeuse parce que particulièrement sensible : en 2017, cinq hommes ont bien été condamnés pour ce meurtre à des peines allant de onze à vingt ans de prison, mais de Zhanna Nemtsova, la fille de Nemtsov à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, le doute persiste quant à la véritable identité de commanditaires, l’Assemblée parlementaire de l’OSCE étant même allée, semaine dernière, jusqu’à demander l’ouverture d’une «nouvelle enquête complète» et des sanctions contre ses organisateurs.
Epine dans le pied des relations tchéco-russes, l’inauguration de cette place reste pleinement assumée par les autorités praguoises qui ont par ailleurs fait savoir qu’une allée à proximité de l’ambassade de Russie, serait elle aussi prochainement baptisée du nom d’Anna Politkovskaïa, journaliste et militante des droits de l’homme assassinée à Moscou en 2006. «Nemtsov et Politkovskaïa ont tous deux défendu la démocratie et ils ont été lâchement assassinés pour cela», a twitté le maire Zdenek Hrib.
Alors que plusieurs rassemblements visant à rendre hommage au dissident russe ont été interdits ce dimanche dans plusieurs villes Russie dont à Saint-Pétersbourg, sur le plan diplomatique, la pillule passe mal du côté du Kremlin qui pour l’heure, s’est contenté de jouer la carte de l’incompréhension.
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