A l’occasion d’un débat hier avec la Commission sur les soupçons de corruption par le Qatar et sur la nécessité plus générale de transparence des institutions européennes, la commissaire aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a déclaré qu’il ne devait y avoir aucune tolérance pour la corruption. Saluant le travail des procureurs et des forces de l’ordre belges, ainsi que celui de la Présidente du Parlement, Roberta Metsola, des députés européens et des fonctionnaires, pour leur soutien total et leur action déterminante, elle a qualifié ces allégations d’extrêmement graves. A tous ceux qui ont accepté des pots-de-vin, «Honte à vous! Honte à vous pour avoir trahi la confiance. La confiance des citoyens européens qui attendent de vous que vous vous battiez pour leurs intérêts. Pour avoir trahi la confiance de vos collègues qui travaillent très dur et honnêtement», s’est-elle emportée. Et celle-ci d’annoncer que la Commission proposerait en 2023 une nouvelle loi criminalisant toutes les formes de corruption dans tous les États membres, non seulement la corruption mais aussi le trafic et l’influence, l’enrichissement illicite, le détournement de fonds et l’abus de pouvoir, assortie de peines sévères.
Réagissant à leur tour, les députés ont exprimé leur tristesse, leur colère et le choc ressenti face à la «cupidité de certains individus», agissant comme s’ils étaient dans un «mauvais film Netflix», nuisant à l’image du Parlement et «jetant l’opprobre sur nous tous». La corruption détruit les institutions, ont-ils déclaré, en précisant leur souhait de se battre pour rétablir la confiance envers le Parlement européen. «Le comportement criminel de quelques individus ne peut pas saper le travail d’une immense majorité» de députés qui œuvrent pour les citoyens européens, ont-ils déclaré.
Ce faisant, les députés ont demandé une enquête interne complète, une coopération avec les autorités belges et des mesures supplémentaires pour prévenir les cas similaires à l’avenir. Des règles plus strictes en matière de transparence, l’ajout de pays tiers au registre de lobbying de l’UE, une application rigoureuse des règles d’éthique et la mise en place d’un organe d’éthique indépendant ainsi que d’une commission d’enquête distincte, sont quelques-unes des propositions mentionnées au cours du débat.
Plusieurs députés ont par ailleurs souhaité dissoudre les délégations parlementaires et transférer leur rôle aux commissions permanentes. «Nous voyons clairement ici aujourd’hui qu’il n’y a aucune tolérance pour la corruption», ont conclu les députés. Les députés se prononceront sur une résolution ad hoc, demain jeudi.