Du 27 avril au 26 août, Stimultania présente European Puzzle, une exposition de Jean-Christophe Béchet.
«Il y a l’Europe économique, politique, géographique ou même footballistique. Il y a l’Europe de Schengen, celle de la monnaie commune, celle des 28 pays de l’Union Européenne… Autant d’Europe(s) différentes. De Reykjavik à Istanbul, de Moscou à Lisbonne, certaines frontières s’écroulent, d’autres naissent, certaines routes s’ouvrent, d’autres se ferment.
Nos repères sont bousculés : existe-t-il encore une Europe de l’Ouest et une Europe de l’Est ? Une Europe du Sud autour de la Méditerranée et une Europe du Nord associée à l’héritage luthérien ? Que reste-t-il de l’Europe des Lumières et de celle Mitteleuropa qui en fut longtemps le cœur ?
Mon intérêt pour l’Europe est né en 1991, à Moscou. J’assiste au coup d’état qui renverse Mikhaïl Gorbatchev et qui signe la fin de l’URSS. Je sais alors que notre « vieux » continent entre dans une nouvelle ère. Au fil de mes voyages, je décide d’en tenir la chronique visuelle. J’apprends la relativité des notions et des frontières, je ressens le poids des climats et des histoires personnelles, je m’intéresse aux mythes et à ceux qui les perpétuent, écrivains, musiciens, poètes ou artistes…
Au fil des années, je me sens de plus en plus « Européen », mais je vois ressurgir les cicatrices d’un passé politique mal résolu et les promesses hésitantes d’un avenir commun hypothétique.
Je sens un monde fragile avec des fissures de plus en plus profondes. Un espace incertain où toutes nos contradictions contemporaines se cristallisent.
Mes photographies n’expliquent rien. Elles n’illustrent pas. Elles évoquent. Elles racontent un parcours, celui d’une génération qui a cru à la fin des frontières et à l’abandon des nationalismes. Une génération qui a sans doute échoué, trop idéaliste, trop sensible aux symboles, trop oublieuse des réalités du quotidien. Aux périodes de crises et aux moments d’actualité, j’ai préféré le « temps long ». Celui, plus littéraire, des voyages sans but, des rencontres improvisées, des espaces oubliés et des atmosphères incertaines.
Cet « European Puzzle propose un assemblage de scènes de rues, de portraits et de paysages. Autant de visions saisies dans le flux du réel, souvent sur le vif. En couleur comme en noir et blanc, j’ai accordé autant d’importance à l’architecture qu’aux humains, aux climats qu’à la lumière, aux petits hasards anodins qu’aux moments d’histoire. Ainsi s’élabore un cheminement sinueux et silencieux qui fait dialoguer l’esprit documentaire avec la tentation poétique.» (Jean-Christophe Béchet)
« European Puzzle » a été produite par la Maison de la Photographie Robert Doisneau à Gentilly dans le cadre du Mois de la Photo Grand Paris (avril 2017).
« Street Photography ou la ville comme un théâtre » : workshop avec Jean-Christophe Béchet les 15, 16, 17 juin à Stimultania
Né en 1964 à Marseille, Jean-Christophe Béchet vit et travaille depuis 1990 à Paris. Il a auparavant suivi des études d’économie (Aix-en-Provence, 1982-1985), puis de photographie (Arles, 1985-1988) avant de séjourner et de voyager deux ans en Afrique de l’Ouest (1988-1990) Mélant noir et blanc et couleur, argentique et numérique, 24×36 et moyen format, polaroids et « accidents » photographiques, Jean-Christophe Béchet cherche pour chaque projet le « bon outil » , celui qui lui permettra de faire dialoguer de façon pertinente une interprétation du réel et une matière photographique.
Héritier de la « photo de rue », qu’elle soit américaine, française ou japonaise, il a choisi de ne pas abandonner le terrain du « document subjectif » , associant reportage et paysage, portrait et architecture. Se méfiant des séries fermées sur elles-mêmes, il cherche dans chaque projet à révéler une spécificité photographique. Son regard sur le monde se construit livre par livre, l’espace de la page imprimée étant son terrain d’expression « naturel ». La place de l’homme dans le paysage contemporain, urbain comme naturel, est au centre de ses préoccupations. Il poursuit en ce moment un travail sur les grands villes Européennes, Asiatiques et Américaines et développe en parallèle plusieurs séries sur les territoires de Haute Montagne.
Son travail a été montré dans de nombreuses expositions et dans une vingtaine de livres. Il est représenté par la galerie « Les Douches la Galerie » (Paris, 10ème)